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Episode #7 – Poser la toiture

Par Mylène Verrez
Ingénieur d'Affaires

J’ai participé au projet de construction de l’internat après mes six autres collègues ingénieurs GSE.

A mon arrivée, le projet avait bien avancé au rez-de-chaussée : tous les murs en béton cellulaire étaient achevés et les dallages venaient d’être coulés. La structure de l’étage commençait, les planchers avaient été finalisés et les fermes de la toiture venaient tout juste d’être posées. Le mur de rétention entre les deux internats avait été excavé pour pouvoir démarrer les fondations.

A mon arrivée le 27/01/2019

A mon départ le 8/02/2019

Ma mission a été particulièrement celle du suivi de chantier. La conception de la structure avait été finalisée par mes collègues et les travaux de finitions commençaient déjà dans certaines zones. J’ai donc travaillé sur la qualité de réalisation des différents travaux en tenant compte des remarques de Pramod, le directeur de l’internat qui m’avait pointé quelques problèmes de qualité déjà rencontrés sur d’autres projets.

J’ai également fait quelques achats en compagnie de Ramesh, l’ingénieur Népalais, sans qui le dialogue avec les artisans et fournisseurs locaux est impossible. J’ai aussi participé à la commande de matériaux en réalisant des métrés.

J’ai mis à jour le planning visuel, démarré par ma précédente collègue, pièce par pièce, pour être efficace car la rentrée des élèves se rapprochait déjà vite. Nous avons aussi anticipé quelques commandes puisque l’accès autorisé par le maire pour faciliter le transport des matériaux, allait nous être privé pendant deux semaines pour le mariage de son fils.

Le mur de soutènement

Le mur derrière le nouvel internat avait été déplacé au plus proche de l’internat afin d’éviter d’avoir un écart de 30 cm non exploitable entre les deux murs. Les nouvelles fondations étaient donc en conflit avec les fondations existantes des poteaux du nouvel internat. Pour alléger les charges sur les fondations existantes, j’ai proposé de mettre les aciers en forme de « Z » pour appuyer davantage sur la nouvelle fondation et de rajouter de la mousse pour séparer les fondations. Nous avons également choisi de déplacer l’un des piliers du mur de soutènement et de renforcer en acier les semelles du fait de l’excentration des piliers.

Schéma de principe des fondations du mur de soutènement

Schéma de principe des fondations du mur de soutènement

J’ai contrôlé la réalisation des fondations du mur de rétention en vérifiant que les fonds de fouille étaient bien propres, que les aciers avaient suffisamment d’enrobage ou encore que les aciers se recouvraient bien. Si ce n’était pas le cas, j’informais Ramesh ou j’essayais de me faire comprendre par les ouvriers qui prenaient en compte mes remarques.

J’ai été assez étonnée par la façon dont les ouvriers faisaient le béton, ils n’avaient pas de mixeur donc ils formaient un « volcan » avec du gravier, sable, ciment puis ils rajoutaient l’eau et mélangeaient à la pelle. Il était difficile de vérifier la qualité du béton, les ouvriers équilibraient les quantités de matériaux solides et rajoutaient l’eau en évaluant la consistance. Ils n’avaient pas pu louer de vibreur pour le béton mais le faisaient manuellement à l’aide de tiges d’acier pour que le béton se répartisse uniformément partout.

Fonds de fouilles avant coulage

Je me suis assurée avec Ramesh que les étapes soient faites dans le bon ordre. Par exemple, il a fallu coffrer les poteaux intérieurs de l’internat, les décoffrer avant de faire ceux du mur de soutènement. En effet, il fallait appliquer un polyane et une mousse entre les poteaux pour désolidariser les deux éléments de construction, qu’ils soient bien indépendants. Ensuite ils ont démarré le mur de briques et il fallait vérifier l’alignement horizontal du mur ainsi que la verticalité, ils utilisaient alors des fils à plomb.

Nous avons suivi le détail de Soazig sur le mur de soutènement ainsi que son drainage. Nous avons donc créé la cunette en respectant la pente demandée. Ramesh n’avait jamais utilisé de géotextile, je l’ai donc aidé à en trouver chez un fournisseur et je lui ai expliqué l’intérêt pour filtrer l’eau et éviter de récupérer une eau boueuse. Je lui ai aussi expliqué comment mettre en œuvre le géotextile, remblayer de cailloux ainsi que de terre au même moment pour faciliter la tâche. A certains endroits, le terrassement a bien été optimisé donc seul un remblaiement avec le géotextile et les cailloux a été suffisant.

Réalisation de la cunette derrière le mur de soutènement

La toiture

Au niveau de la structure de la toiture, je devais vérifier que les lisses étaient bien soudées sur les 4 côtés et non en quelques points, comme cela est fait au début de la pose. Pendant la pose de la toiture, il fallait vérifier que les tôles soient bien fixées à la structure. Les ouvriers devaient aussi bien superposer les ondes de tôles pour que la toiture soit bien étanche.

J’ai pu vérifier l’étanchéité de la toiture à la fin de mon séjour puisque nous avons eu deux jours de pluie et à ma grande satisfaction il n’y a pas eu fuite.

Dans la foulée, la pose des gouttières a commencé par la fixation de la structure de la gouttière sur la tôle de toiture, ce qui n’était pas acceptable. Avec Ramesh et l’entreprise qui a été convoquée, nous avons trouvé la bonne solution.

La structure de la façade

Au rez de chaussée, l’entreprise de maçonnerie devait reprendre les ouvertures des fenêtres et des portes pour les rendre parfaitement d’équerre et droites. Il m’a fallu leur expliquer que les linteaux et seuils devaient être de niveau mais aussi qu’ils devaient utiliser une équerre pour vérifier les angles. Ce travail a permis de rattraper de gros écarts mais un bon niveau de précision était difficile à obtenir surtout avec les outils à disposition : niveaux à eau, fil à plomb et équerres tordues…

A l’étage, ils ont démarré la structure de la façade par l’installation de supports métalliques qui marquaient déjà l’emplacement des fenêtres puisque posés à +1,20 m et +2,40 m. Puis ils ont poursuivi par la structure aluminium qui allait maintenir les plaques de ciment. Il fallait vérifier que les ouvertures des fenêtres de l’étage étaient alignées avec celles du RDC. Pour cela les ouvriers tendaient un fil à plomb et vérifiaient les dimensions et la perpendicularité en mesurant la diagonale.

Photos de l’installation des structures de façade

Les finitions intérieures

Au rez-de-chaussée, ils ont commencé les finitions avec la mise en enduit des murs après avoir repris certains murs, rebouché les trous et ajusté les différentes ouvertures. Ils ont démarré trop tôt les faux-plafonds car la dernière couche d’enduit a parfois dérapé sur les structures voire même sur les dalles. L’entreprise de faux-plafond avait blanchi presque entièrement le plafond de certaines pièces et comme la pluie arrivait nous leur avons demandé de retirer des dalles, ce qui fut difficile. Ils écoutaient difficilement nos remarques, avec Ramesh nous avons décidé de changer d’entreprise pour faire l’étage par la suite.

Puis après avoir choisi le carrelage en imitation parquet, nous avons démarré les chapes et le carrelage. Avant mon départ, une chambre était pratiquement terminée.

Chambre 4 le 8/02

Suivi du planning

J’ai poursuivi les bonnes initiatives de mes collègues en mettant à jour le planning visuel. J’ai beaucoup apprécié cet outil, il permettait d’anticiper beaucoup de tâches avec l’avancée rapide des travaux.

Cela permettait de commander les matériaux en temps et en heure et nous avons pu anticiper les livraisons au vu de la limitation de l’accès principal. Aussi pour nos collègues suivants, cela leur permettait de voir ce qui avait été fait en détail la semaine d’avant et ce qui devra être fait, au RDC, à l’étage ou encore sur les zones extérieures.

Suivi du budget

J’ai participé avec Ramesh à la finalisation de l’achat des menuiseries extérieures. Budget 480 000 roupies, Achat 400 000 roupies. J’ai immédiatement intégré cette économie dans le suivi du budget pour entreprendre quelques travaux supplémentaires avant que les entreprises ne quittent le chantier.